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Posts Tagged ‘automne’

En montagne, il y a des tas de bons trucs à manger : des framboises, des myrtilles, des groseilles, des mûres… Et quand l’automne arrive, il reste encore de quoi grignoter avant d’aller au lit : les champignons, les premiers cynorhodons, et surtout, les argouses.

Les argouses, ce sont des petites baies d’un bel orange translucide posées sur un buisson gris-vert. Il faut faire attention quand on s’approche, parce qu’il y a plein de piquants cachés dessous : impossible de les attraper à pleines pattes, elles se méritent les unes après les autres.

Au début, on trouve ça terriblement acide, en plus il y a un pépin au milieu donc pas grand chose à manger. Et puis finalement, quelques secondes après, on a la bouche toute parfumée d’un parfum inattendu dans nos montagnes : les argouses, ça a le goût du fruit de la passion, en un peu plus acide. Et c’est plein de bonnes choses : avec leur air de rien, ces petites baies oranges sont un concentré de vitamines. On ne trouve pas d’oranges dans nos montagnes, peuh, on a bien mieux ! Les argouses sont trente fois plus riches en vitamines C ! (bon, d’accord, il faut trente fois plus de temps pour en manger la même quantité…)

Vous trouverez des argousiers au détour d’un sentier, près d’un ruisseau au soleil. Un petit troupeau de buissons vert-orangé… A la fin de l’automne, les feuilles sont toujours vert-de-gris sur le dessus, mais passent de l’argenté au cuivré dessous. Puis quand la neige tombe, les argousiers perdent ces petites feuilles d’oliviers, offrant aux marmottes retardataires les argouses toutes nues.

Certaines marmottes se lustrent le pelage avec les argouses : ça le rend beau et brillant. Les Grecs faisaient pareil avec les chevaux, paraît-il, d’où le nom savant de l’argouse : l’hippophae (« cheval » et « briller »). Personnellement, je trouve ça bien dommage, je préfère les manger. De toutes façons, j’ai le poil naturellement lustré, je suis une princesse marmotte moi.

Argousier – Hippophae rhamnoides – Famille des Éléagnacées

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A la fin de l’été, les autres gentianes ont disparu. Pourtant, c’est à ce moment-là que décide d’apparaître la gentiane ciliée. Parce qu’elle met plus de temps à fleurir, à cause de ces longs cils à coiffer ? Parce qu’elle craint de voir son mauve délicat éclipsé par le bleu profond des autres gentianes ? Pour offrir à la prairie alpine un surcroit de ciel bleu, avant l’automne ?

Peu importe, la gentiane ciliée est vraiment très, très jolie avec sa petite fourrure couleur pervenche. J’hésite à me teindre les poils de la même couleur, mais je ne sais pas si ça donnerait aussi bien que sur elle. Vous en pensez quoi ?

La gentiane ciliée ne donne qu’une seule fleur au bout de sa longue tige, qui atteint parfois 25 cm. Quand la fleur n’est qu’un bourgeon, on dirait une glace à l’italienne (goût schtroumpf) : elle est joliment vrillée, les cils bien fermés et bien coiffés. Puis elle s’ouvre, déplie ses cils et déploie quatre pétales ovales, autour d’un cœur très discret, vert clair.

On trouve souvent les gentianes ciliées par petites colonies, en pelouse d’altitude ou à la lisière des forêts. J’en ai même croisé une à moins de 1000 m d’altitude, dans une forêt ! Celle-ci devait être une aventurière, une sorte de princesse-ciliée, comme moi.

Une fois ouverte, la gentiane cherche à se reproduire et assurer la survie de l’espèce, c’est comme ça. Malgré son air de jeune fille en fleur, aux yeux de biche, elle est plus complexe qu’elle en a l’air : la gentiane ciliée est hermaphrodite, fille et garçon à la fois, comme les escargots. Mais elle a besoin d’une autre fleur pour sa parade amoureuse, puisque le développement de l’ovule et du pollen n’a pas lieu au même moment. C’est ce qu’on appelle la dicogamie. Ceci dit, comme elles poussent en colonie, les gentianes ciliées ont l’embarras du choix pour les partenaire (si c’était encore le printemps, ça me donnerait des idées, tiens).

Gentiane ciliée- Gentiana ciliata – Famille des gentianacées

 

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Le cynorhodon, c’est pour faire chic, en vrai, toutes les marmottes disent « gratte-cul ». Ça leur donne l’occasion de ricaner bêtement à chaque fois, scouihihihiii.

Le gratte-cul est le fruit de l’églantier, ces buissons plein de piquants et de fleurs délicates. On en trouve partout, depuis en bas dans la plaine jusqu’aux versants abrités de la montagne.

Les marmottes attendent avec impatience le mois d’octobre, que ces fichues fleurs disparaissent et se transforment en petits fruits rouges, dodus, scellés par un bout noir un peu poilu. Mais là, par la moustache de la Grande Marmotte, il faut encore attendre ! Oui, c’est comme pour les nèfles, il faut attendre qu’il gèle… Heureusement, en montagne, l’été ne dure jamais trop longtemps. Et là…

Haro sur les gratte-culs ! (pffuuhihihiii) Alors, ce petit fruit à l’air innocent se révèle doublement merveilleux. D’abord, sa chair est acidulée, fondante, même s’il n’y a pas grand chose à manger et qu’on s’en met plein les pattes (et pi ça colle). Et puis en plus, au milieu, on trouve de quoi se battre avec les copines ! Oui, le cynorhodon, c’est du poil à gratter !

Les jeunes marmottons, qu’on a pris grand soin de ne pas prévenir, s’étranglent avec leur tout premier cynorhodon. A la grande joie des autres, qui s’étouffent de rire en les regardant s’étouffer tout court. Et puis, dès que tout le monde a repris son souffle, la grande bataille commence : du poil à gratter sous les pattes, du poil à gratter dans les poils, du poil à gratter dans les oreilles, et plein de gratte-cul ailleurs !

Les grands-mères marmottes regardent tout leur petit monde se battre, en souriant dans leurs moustaches. Il restera bien assez de fruits, dans la montagne, pour faire des confitures pour l’hiver, de la poudre séchée pour les tisanes, des crèmes desserts, et même un peu de bière d’églantiers…

Dans le temps, on en faisait même un sirop pour les marmottes enragées : cynorhodon, ça vient bien du grec kunorhodon, qui signifie « rose de chien ». Tiens, d’ailleurs, l’églantier se dit Rosa canina en latin… (oui, je suis une marmotte lettrée moi) C’est sensé guérir la rage, mais je préfère ne pas avoir à tester… Hmmm, je devrais peut-être en mettre de côté pour le prochain renard qui me tourne autour.

Eglantier – Rosa canina – Famille des Rosacées

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